L'histoire de la Bosnie-Herzégovine

REPERES POUR L’HISTOIRE DE LA YOUGOSLAVIE ET DE LA BOSNIE-HERZEGOVINE

1.LE MOYEN-AGE

Avant l’arrivée des slaves du sud (yougo-slaves) au VIème siècle vivaient dans cet espace les Illyres romanisés, avec notamment la ville de Split et son Palais de l’Empereur Dioclétien. Le schisme de l’Empire romain entre Rome et Constantinople coupa ce territoire en deux : croates catholiques à l’ouest et serbes orthodoxes à l’est. Pris entre ces deux pôles religieux, les bosniaques fondent leur propre église et royaume en 1180. Leur roi le plus fameux fut Stevan Tvrtko (1353-1391). Leur autonomie s’affirme par l’ Eglise bosniaque bogomile, d’inspiration orientale, en lien avec les patarins d’Italie et les cathares d’Occitanie. Carrefour de civilisations, la Bosnie-Herzégovine fut donc une terre de refuge et de symbiose entre l’orient et l’occident, mais subi des attaques et même des croisades. En 1389 eut lieu la fameuse bataille de Kosevo-Polje qui marqua la victoire de l’Empire ottoman contre une alliance temporaire de souverains serbes, albanais, bosniaques, monténégrins. Seule la République de Raguse (Dubrovnik) pu préserver son indépendance en échange d’un paiement annuel. Les Ottomans n’ont pas imposé de force l’Islam. Ils respectaient les autres religions, mais les chrétiens étaient soumis à des impôts. Contrairement aux serbes, les bosniaques adoptèrent la religion musulmane, et plus particulièrement la forme soufi (assez proche du bogomilisme). Mais au 19ème siècle, le prélèvement d’impôts de plus en plus lourds suscita des révoltes en Serbie, en Macédoine et même en Bosnie-Herzégovine. Durant la période ottomane, des communautés juives chassées d’Espagne par la conquête chrétienne, se sont installées en Bosnie-Herzégovine, et plus particulièrement à Sarajevo.

2.MONTEE DU NATIONALISME, PREMIERE ET SECONDE GUERRE MONDIALE

Vers le milieu du 19ème.siècle, la montée du nationalisme en Europe provoqua des insurrections contre l’Empire ottoman. Les Balkans devinrent petit à petit un enjeu international entre les grandes puissances :

l’Angleterre, la Russie, l’Autriche-Hongrie et la Russie. L’Empire ottoman cède la Bosnie-Herzégovine à l’Empire autrichien et l’Empire russe s’empare de la Bulgarie et contribue à la libération de la Serbie.
La Serbie, le Monténegro et la Roumanie acquièrent leur indépendance en 1878.

En 1912, la première guerre balkanique chasse définitivement l’Empire ottoman des Balkans.

En 1913, la question du partage de la Macédoine dégénère en guerre entre la Bulgarie et la Serbie. La Serbie gagne la majeure partie de la Macédoine et le Kosovo, où il y avait déjà une implantation de couvents orthodoxes. Ces deux guerres firent plus de 300.000 victimes.

Le 28 juin 1914, l’archiduc Francois-Ferdinand en visite à Sarajevo fur tué avec son épouse par un groupe de jeunes nationalistes serbes hostiles à la domination de la monarchie autrichienne sur la Bosnie-Herzégovine, événement qui entraîna le déclenchement de la 1ère guerre mondiale suite à l’intervention de l’Autriche contre la Serbie, soutenue par la France et d’autres alliés.

Suite à l’effondrement de l’Empire autrichien en 1918 fut proclamé le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes », rebaptisé « Royaume de Yougoslavie » en 1929. De fait, cette période est marquée par une dictature de la Serbie sur les autres Républiques et notamment la Bosnie-Herzégovine.

En avril 1941, l’attaque des troupes allemandes met fin au Royaume yougoslave, remplacé en Serbie par le Général Milan Nedic et en Croatie par le régime oustachi de Pavelic, deux régimes qui ont collaborés avec les nazis dans l’extermination des juifs et des tziganes. De leur côté, les oustachis croates vont massacrer plus de 60.000 serbes, notamment dans le camp de Jasenovac au sud de Zagreb.

3 RESISTANCE ET LIBERATION

Mais les croates furent nombreux aussi à rejoindre la résistance dirigée par Tito, d’origine croate et slovène, qui réussit à unir les « partisans » communistes des différents peuples de Yougoslavie. Ses principales bases de résistance sont en Bosnie où de larges territoires (dont Tuzla) sont libérés. Tito est témoin de massacres de bosniaques musulmans par les Tchetniks (royalistes serbes) dans la vallée de la Drina. C’est en Bosnie-Herzégovine : à Bihac (en décembre 1942) et à Jajce (29 novembre 1943) qu’ont eu lieu les Congrès de la résistance qui ont tracés les futures lignes de la Yougoslavie socialiste et fédérative. Grâce à l’appui de Tito, la République socialiste de Bosnie-Herzégovine fut reconnue. Pour garantir un certain équilibre entre les Républiques de Slovénie, Croatie, Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine et Macédoine), Tito a voulu limiter une trop nette prépondérance de la Serbie. Pourtant, il n’a pas osé donner un statut de République au Kosovo et à la Vojvodine, qui durent se contenter d’un statut de « provinces autonomes ». Le 28 juin 1948, Staline chercha à éliminer Tito et condamna le Parti communiste yougoslave pour déviationnisme. Suite à cette rupture, la Yougoslavie évolua différemment des autres pays dits communistes et jouera un rôle important dans l’alliance des pays non-alignés, inauguré à la Conférence de Bandung, avec Nasser (le président égyptien) et Nehru (le président indien).